DERMITE DE CONTACT aux AINS
(NSAI drug eruption, contact dermatitis, ketoprofen)

 

L'interrogatoire recherche l'application d'un médicament, en priorité un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS).
Il s'agissait ici d'un gel contenant du
kétoprofène DCI, de marque KETUM (TM).

Les dermites de contact aux AINS sont volontiers intenses et polymorphes, associant des lésions d'eczéma très oedémateux, des plaques urticariennes ou à type d'érythème polymorphe (en cocarde). Les lésions débordent fréquemment le seul site d'application. Elles peuvent se généraliser, persister 2 à 4 semaines, même après arrêt du traitement.
Des récidives estivales moins intenses sur les mêmes sites sont possibles l'année suivante, voire 2 ans après (
2, observation personnelle). La cause de ces récidives n'est pas univoque : une équipe suédoise a retrouvé du ketoprofène DCI dans des objets personnels (bandages et chaussons surtout), expliquant la recontamination cutanée (4).
La lumière solaire est aggravante : il y a nécessité d'utiliser en prévention une protection vestimentaire et un fort écran 50+  UVA+UVB,
sans oxybenzone). Les topiques de photoprotection solaire contenant comme filtre de l'octocrylène doivrent être évités : certain patients réagissent aussi à cette molécule (5).

Traitement immédiat : les dermocorticoïdes de forte classe (I ou II) restent insuffisants pour soulager le patient qui nécessite souvent une corticothérapie générale.

Le mécanisme mèle étroitement un eczéma de contact + une photosensibilisation ou une phototoxicité. Ces dermites surviennent en grande majorité pendant l'été, conseiller au patient de ne pas exposer les zones traitées. Les huiles essentielles parfumées de l'excipient ont aussi été incriminées.
Le
kétoprofène DCI appartient à la famille de l'acide propionique (ac.arylpropionique), classe d'AINS la plus souvent responsable de toxidermies (photoallergies et dermites de contact). En pratique, ce type de dermite contre-indique les AINS de la même famille en raison d'allergies croisées : risque de toxidermie généralisée en cas de réintroduction par voie générale (voir patiente n°3 plus bas).




Ci-contre à droite, dermite de contact typique à un gel anti-inflammatoire contenant du
ketoprofene DCI (KETUM TM). Les décollements bulleux sont fréquents.

Allergie au KETUM gel


Ci-contre : toxidermie estivale à l'acide tiaprofénique DCI reçu per os (FLANID TM).
Les zones atteintes sont toutes photoexposées (décolleté, membres).

Cette patiente avait présenté quelques années auparavant une allergie de contact au KETUM
TM.





A droite, photoallergie vésiculo-bulleuse chez un patient qui avait présenté 11 ans auparavant une dermatose photo-allergique à un gel contenant du kétoprofène DCI (KETUM TM). Un médicament contenant de l'acide tiaprofénique DCI (SURGAM TM) lui a été malencontreusement prescrit.
Cliniquement : atteinte du visage (joues, oreilles), des faces latérales du cou. L'atteinte bien limitée du décolleté avec respect de la région sous-mentonnière est très évocatrice de photo-allergie. La dermatose s'arrête au dessus des coudes, zone couverte par son T-shirt.

Il est important de remettre au patient une liste des AINS avec risque d'allergie croisée. L'éviction concerne les AINS de même famille, tant en application locale que par voie générale (cf. Tableau ci-dessous).

Une liste de spécialités contenant du
kétoprofène DCI (p.ex: FASTUM TM...) est consultable ici. 


photoallergie acide tiaprofenique chez un patient allergique au KETUM gel

Sommaire....

DCI

Réaction croisée

kétoprofène  

 ibuprofène
 Atrosilène
 ac. tiaprofénique
 flurbiprofène
 ibuproxam
 
fénofibrate (hypolipémiant, groupe benzophénone commun !)
oxybenzone (filtre solaire)
octocrylène (filtre solaire très répandu, probable co-sensibilisation car pas de parenté chimique avec le kétoprofène)

D'après (1,3,5)

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(C) E. PIERARD
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Références :
(1) B. Milpied-Homsi. Dermites de contact aux AINS.GERDA. Arcachon-1995)
(2) Albes B, Marguery MC, Schwarze HP, Journe F, Loche F, Bazex J.  Prolonged photosensitivity following contact photoallergy to ketoprofen. Dermatology. 2000;201(2):171-4.[Résumé Medline].
(3) Veyrac G, Paulin M, Milpied B, Bourin M, Jolliet P. Bilan de l'enquête nationale sur les effets indésirables cutanés du kétoprofène gel enregistrés entre le 1.9.1996 et le 31.8.2000 [Results of a French nationwide survey of cutaneous side effects of ketoprofen gel reported between September 1996 and August 2000] Therapie. 2002 Jan-Feb;57(1):55-64.[Résumé Medline]
(4) Hindsen M, Isaksson M, Persson L, Zimersson E, Bruze M. Photoallergic contact dermatitis from ketoprofen induced by drug-contaminated personal objects. J Am Acad Dermatol. 2004 Feb;50(2):215-9 [Résumé MEDLINE].
(5) Foti C, Bonamonte D, Conserva A, Stingeni L, Lisi P, Lionetti N, Rigano L, Angelini G.
Allergic and photoallergic contact dermatitis from ketoprofen: evaluation of cross-reactivities by a combination of photopatch testing and computerized conformational analysis. Curr Pharm Des. 2008;14(27):2833-9 [
Résumé MEDLINE].